L’initiative d’écrire un article axé sur la place des femmes dans le domaine des TI a émergé directement des employées, après un appel à toute l’équipe pour participer au blogue de Nexapp. Cette idée d’une discussion entre femmes, amenée par l’une de nos développeuses, a créé un engouement et quinze femmes talentueuses et passionnées chez Nexapp se sont réunies pour échanger sur leur réalité dans le monde de la technologie. Une belle richesse est ressortie de cette discussion ouverte et on avait envie de vous partager les segments marquants!
Elles ont accepté de s’ouvrir sur leurs expériences, leurs défis, leurs forces et l’importance de prendre sa place en tant que femme dans un milieu majoritairement masculin.
Un choix de carrière différent
Chacune des professionnelles autour de la table a un parcours de vie différent. Pourtant, elles se sont toutes retrouvées dans le domaine de la technologie chez Nexapp, soit en développement, en design UX/UI, en ressources humaines ou en marketing.
Pour certaines, c’est la combinaison d’une discipline réfléchie et rationnelle, tout en restant créative, qui les a attirées. Pour d’autres, ce sont les avantages d’apprendre un langage relativement commun partout dans le monde.
Pour nos développeuses, une carrière en tech a souvent été un choix tardif, parsemé d’incertitudes à leur appartenance dû aux stéréotypes du domaine ou du manque de représentation des femmes.
Julie, comme d’autres femmes, mentionne qu'elle ne s'identifiait pas à cette image de l'informatique qui était partagée au courant de la dernière décennie, car elle est sportive et n'aime pas être assise derrière un bureau toute la journée. Ce genre d’emploi ne lui semblait pas être accessible au début; c’est par elle-même qu’elle a découvert son intérêt pour la programmation. C’est la même chose pour Amélie, sociale et pleine d’énergie, qui croyait que le développement logiciel n’était pas pour elle. Malgré tous les conseillers en orientation qu’elle a consultés, personne ne lui avait parlé de ce travail.
«La première fois que j’ai fait du code, c’était lors d’un travail dans un cours à l’université. Quand j’ai réalisé que ce que j’avais créé fonctionnait, je me suis dit wow, il y a des gens qui sont payés à faire ça, c'est incroyable», affirme Amélie, développeuse.
D’un autre côté, il y a des femmes qui découvrent le domaine de l'informatique plus tôt, comme Jeanne. Elle a toujours su qu'elle était intéressée par l'informatique et le développement. Depuis son plus jeune âge, elle a aimé travailler sur des petits sites web en HTML pour créer un blogue qui lui ressemble. C'est donc naturellement qu'elle a choisi de poursuivre ses études dans ce domaine au cégep et à l'université.
Chacune des employées a sa propre histoire et ses propres motivations. Pour Marie-Eve, la technologie c'est bien plus qu'un travail :
C'est vraiment une passion pour moi de pouvoir simplifier la vie des gens grâce à la technologie.
- Marie-Eve, spécialiste produit
Travailler plus fort pour prouver sa valeur
Stéréotypes, sous-représentation, inégalités et discrimination positive : ce sont des réalités qui sont partagées par ces professionnelles dans le milieu des TI.
Kim-Shani, designer UX/UI chez Nexapp, mentionne que c’est plus difficile pour les femmes de se faire une place sur le marché du travail. Selon ce qu’elle a observé lors de ses études, les femmes représentaient environ 50% du corps étudiant, alors que dans les entreprises, c’est beaucoup moins. Ses observations ne semblent pas isolées; une organisation aux États-Unis a recueilli des données auprès de 10 307 designers sur le marché du travail et 81% sont des hommes, même si en salle de classe c’est presque 50/50.
Si on regarde les études en STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), 34% des Canadiens diplômés sont des femmes, mais elles représentent 23% des employés dans le domaine, selon Statistique Canada. De plus, les femmes gagnent en moyenne 15% de moins que les hommes.
Chez Nexapp par exemple, les femmes représentent actuellement 30% des employés. Malgré qu’il y a encore du progrès à faire, on peut voir une bonne amélioration comparativement à il y a trois ans, où le pourcentage de femmes dans l’équipe variait entre 5 à 10%.
Une des raisons du manque de représentation féminine en TI est le fait qu’elles se font moins parler des programmes en génie logiciel à l’école, comme mentionné plus haut. Il y a aussi le syndrome de l’imposteur et la peur de ne pas être assez qualifiée pour un poste, qui est surtout présent chez les femmes. Si une femme ne répond pas à la majorité des exigences d’un poste, elle n’applique habituellement pas. À l’inverse, les hommes seraient plus enclins à postuler sur des postes où ils sont sous-qualifiés.
Dans une méta-analyse de 95 études portant sur plus de 100 000 personnes, les femmes sous-estiment généralement leurs compétences en matière de leadership, tandis que les hommes les surestiment. Un manque de confiance dans un domaine, même si l'on est très compétent, conduit au syndrome de l'imposteur.
- Adam Grant, auteur du livre Think Again
Les femmes doivent se rappeler que ce qu’on apprend aux études, ce n’est souvent pas ce qu’on fait réellement sur le marché du travail. Il est fort probable que certains outils et processus utilisés dans un nouvel emploi aillent au-delà de leurs compétences actuelles, mais ça ne veut pas dire qu’il est impossible de postuler et d’être engagée. Il n’est pas obligatoire de répondre à 100% des exigences d’une description de poste. Certaines compétences peuvent être acquises au fil du temps sur le terrain et l’ouverture à apprendre est un atout, parce que dans n'importe quel nouvel emploi il y a une phase d'apprentissage.
Marie-Michèle, responsable marketing RH et expérience employé, évoque que les femmes ont aussi tendance à ne pas vouloir déranger : elles consultent plus avant de prendre des décisions. «On doit oser, foncer et déconstruire ce sentiment que les gars ont plus de pouvoir. En milieu de travail, on a le droit de challenger les autres autant que les gars le font», dit-elle. D’autres collègues mentionnent qu’elles ont vécu des expériences passées où elles sentaient une pression de prouver leur valeur dans le boy’s club, en plus d'entendre des blagues misogynes et un vocabulaire exclusif (par exemple, un gestionnaire qui commence chaque matin la journée en disant allo les gars malgré la présence d'une femme dans l'équipe).
Dans mon bac, j’ai déjà dû me battre pour que mes idées soient prises au sérieux, alors qu’un gars peut la répéter et ça va bien passer.
- Kim-Shani, designer
D’autres stéréotypes entendus par plusieurs femmes est la présupposition qu’elles ne servent qu'à mettre de belles couleurs dans une application, à prendre des notes ou qu’elles sont moins aptes à résoudre des problèmes logiques. «Je sais que c’est faux, mais c’est des commentaires comme ça qui restent en tête et qui font que tu veux prouver le contraire», mentionne Julie.
De plus, certaines femmes ont déjà observé de la discrimination positive lors d’anciennes entrevues et embauches, c’est-à-dire que l’organisation avait un quota de femmes à atteindre au sein de son équipe.
C’est difficile, parce qu’on le ressent lorsqu’on est engagée seulement pour remplir un quota, et non pour les compétences. On part un peu avec le syndrome de l'imposteur.
- Amélie, développeuse
Les conseils que les Women of Nexapp donneraient aux femmes qui souhaitent intégrer un milieu typiquement masculin :
- Il n’est pas obligatoire de répondre à 100% des exigences d’une description de poste (applique quand même!)
- Trouve les alliés dans ton travail, qui offrent une écoute sans jugement, apportent du soutien au niveau personnel ou professionnel et t'aident à atteindre ton plein potentiel
- Prends ta place en étant confiante et en posant des questions
- Montre ton intérêt pour ton travail et ta volonté de contribuer
- Traite les tâches difficiles comme un manque de connaissances (qui peuvent être acquises) plutôt que comme un manque de talent
- Choisis un lieu de travail où tu te sens à l'aise
- Don’t settle : si l’environnement de travail ne te convient pas, tu peux changer
Malgré tout, les choses évoluent quand même positivement et de plus en plus d'entreprises mettent l'accent sur les compétences plutôt que sur le genre. Chez nous, tout le monde est sur un pied d'égalité. On donne beaucoup d'importance aux soft skills, comme la capacité à s'exprimer clairement, à travailler en équipe et à être collaboratif.
- Elisabeth, conseillère RH
Une communauté de femmes en tech, un atout!
Pour les femmes chez Nexapp, travailler avec d'autres femmes leur permet d'être à l'aise pour exprimer leurs émotions et être plus vulnérables. Elles se sentent soutenues et comprises. À l’inverse, lorsque les femmes travaillent dans une équipe composée majoritairement d’hommes, elles mentionnent avoir parfois une certaine pression d’être plus performantes pour se sentir égales, ce qui est plus énergivore. En même temps, elles soulignent qu’il y a des avantages à avoir une perspective masculine et féminine dans les projets, pour challenger les idées et les mentalités. C’est une dualité intéressante!
Dans le même ordre d’idée, on était curieuses d’avoir un avis masculin sur le sujet. On a donc parlé à Sébastien, développeur chez Nexapp, et voici ce qu’il avait à dire :
En ce moment, dans mon équipe, il y a trois filles et quatre gars et j’aime vraiment la dynamique. Pour moi, c’est un environnement sain et collaboratif et ça fait vraiment différent à des équipes où c’est la compétition qui est plus présente.
En ce moment, on n’a pas beaucoup de filles dans les postes techniques plus élevés, comme développeuse senior, Tech Lead ou Engineering Manager. C’est important de garder les filles développeuses qu’on a en ce moment dans l’entreprise et de les faire briller. C’est elles qui vont devenir les prochains modèles féminins pour les juniors, ce qu'elles n’ont pas vraiment eu la chance d’avoir.
Ce qui a été souligné lors de la discussion, c’est qu’en développement logiciel et design, les femmes ont souvent une vision holistique des choses, une aptitude à réfléchir à plusieurs choses en même temps et une bonne capacité à transmettre des connaissances. Les femmes pensent beaucoup aux détails, elles sont organisées et se mettent davantage à la place de l’utilisateur.
Kim-Shani mentionne que les femmes ont tendance à adopter une approche de design empathique qui met l'accent sur les besoins des utilisateurs. Elles sont également plus enclines à mener des recherches pour comprendre les utilisateurs et s'assurer que leurs designs répondent à leurs besoins.
Elle poursuit en expliquant qu’il y a même des conséquences dangereuses au manque de femme en design. Un bon exemple est le design des voitures et l’emplacement du coussin gonflable de sécurité, qui a été réfléchi par des hommes, pour la grandeur des hommes. Lorsqu’une femme est impliquée dans un accident de voiture, elle est 47% plus susceptible d’être sérieusement blessée, 71% plus susceptible d’être légèrement blessée et 17% plus susceptible de mourir, parce que le positionnement du coussin gonflable n’est pas adapté à leur physionomie.
Parfois, on entend dire que les femmes sont trop émotionnelles, mais en réalité on est tout à fait capables d'être logiques. En plus, on est bonnes pour voir les choses d'un point de vue plus global, ce qui est un avantage pour comprendre comment nos actions peuvent avoir des répercussions ailleurs.
- Marie-Ève, spécialiste produit
Oui, on peut être plus émotionnelles, mais ça veut aussi dire qu’on a généralement une facilité à exprimer nos émotions. J'ai récemment partagé une émotion que je vivais avec un homme, et j'ai réalisé qu'il la vivait également, mais qu'il n'en parlait pas. J'ai donc pu ouvrir la discussion à ce sujet, ce qui n’aurait pas été abordé sinon.
- Mylène, développeuse
Encore aujourd'hui, l'expression des émotions sous forme de colère est bien souvent normalisée et l'expression sous forme de pleurs est plus vue comme une faiblesse en milieu de travail. Mais un homme qui est en colère, c'est autant de l'émotivité qu'une femme qui a les larmes aux yeux. Si on reconnaît les différences de genre, qu’on les accepte et qu’on mise sur les forces de chacun, c’est déjà un petit pas vers l’équité.
Comment les entreprises de tech peuvent être de bonnes alliées pour les femmes?
Plusieurs femmes du groupe ont fait remarquer qu’en dépit des progrès dans la société, il arrive encore qu’elles se sentent sous-estimées et doivent prouver leur valeur pour être prises au sérieux. Alors, quelle est notre responsabilité en tant qu’organisation pour améliorer cette situation et soutenir nos talents féminins?
Les entreprises de technologie (et dans tous les milieux!) peuvent devenir de bonnes alliées pour les femmes en adoptant différentes pratiques qui les valorisent et les reconnaissent pour leur valeur. Une première étape importante serait de comprendre la différence entre l'égalité et l'équité, puis de reconnaître que dans certaines situations, une personne pourrait avoir besoin de ressources supplémentaires pour continuer de progresser.
Si l’on avait tous les pouvoirs, il y a plusieurs changements qu’on aimerait apporter pour soutenir les femmes en tech. On veut voir plus de femmes dans les postes de direction ou à la tête d'entreprises de technologie. Plus de modèles féminins inspirants, qui vont montrer aux jeunes filles que c’est un métier intéressant et que c’est possible d’avoir du succès. On veut des femmes qui ont des initiatives, une vision du produit et qui sont capables de le gérer à l'échelle d'une direction. Plus de visibilité et d'outils pour soutenir les femmes dans leur croissance. Plus d'organisations qui sont sensibilisées à la communication inclusive. On veut plus d’ouverture et de bienveillance, et déconstruire les idées préconçues qui existent dans le domaine.
Chez Nexapp, on mise sur le développement de carrière en offrant des mentors et en appuyant les employées dans leur progression professionnelle et personnelle. Le but est de permettre à tout le monde de se développer dans leur poste, même si elles n'ont pas déjà toutes les compétences requises. Il est important de communiquer cela aux femmes, qui peuvent se sentir moins qualifiées pour des postes plus élevés.
Suite à la discussion ouverte initiale entre femmes, des collègues masculins ont engagé la discussion avec leurs collègues féminines afin d’entendre leur réalité et de savoir comment être de meilleures alliés pour elles. Cela a généré des changements dans certaines approches et dans les équipes!
Actions concrètes possibles pour soutenir les femmes en milieu de travail :
- Affecter deux femmes ou plus dans une même équipe de travail
- Planifier des rencontres ou ateliers en plus petits groupes, pour laisser plus de place aux femmes qui sont plus discrètes
- Encourager les rencontres 1-on-1 (rencontre de suivi) entre femmes, pour permettre plus d’empathie et les rendre plus à l’aise de s’ouvrir émotionnellement
- Tendre le micro aux femmes qui n’auraient pas tendance à le prendre, pour favoriser leur prise de parole et leur leadership
- Favoriser la représentation des femmes dans les postes de gestion, en encourageant les candidates qualifiées à postuler pour ces postes
- Offrir des formations et du mentorat pour les aider à progresser dans leur carrière
- Briser le plafond de verre et offrir à toutes les femmes des opportunités de croissance, peu importe le moment dans leur vie
- Offrir des formations en entreprise sur l’équité, la diversité et l’inclusion, présentées à tous les membres de l’équipe
- Offrir des installations pour les soins personnels au bureau, comme des serviettes hygiéniques disponibles gratuitement
- Offrir des congés menstruels, comme le projet de loi adopté en Espagne en février dernier créant un «congé menstruel» pour les femmes souffrant de règles douloureuses.
Je suis chanceuse d’être tombée sur Nexapp. En rétrospective, il y a une belle communauté de femmes en tech et ça fait vraiment une différence.
- Kim, designer UX/UI
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